Fêtons l’Etat d’urgence! Repérage d’une usine d’armement…
Toulouse, quelques jours avant le début de la COP21…
Les attentats parisiens, l’Etat d’urgence, prétexte tout trouvé pour passer un bon coup de Round up sur cette graine d’écolos, d’anarEs et autres désobéissantEs…
Le gouverne-ment fait la guerre aux « djihadistes »…vertEs.
Un drôle d’appel surgit. Le doigt sur la gâchette lance une invitation:
« Fêtons l’Etat d’urgence près de Toulouse!
Aux armes ! Formons nos bataillons !
Ben tiens ! Chiche !
Déjà, on va aller se familiariser avec les lieux dans l’idée d’y revenir souvent (voire d’y rester;)).
Nous invitons donc toutes les victimes potentielles des armes de la répression (désobéissants, sabotteurs, clowns, activistes, gauchos, pirates, squatteurs, zadistes, militants, réfugiés, racailles, pd, puttes, gouines, voleurs, taulards, fêtards, syndrômes de la tourette, ménagères de plus de 50 ans, myopathes, punks à chiens, chiens à punks, escrocs de haut vol, sdf, célibataires, trans, alzeimers, black-blocs, hippies, zonards, gothiques, intermittents, précaires, écolos, pakomnous de toutes sortes…) à venir partager un bon repas sorti du panier et jouir du plaisir d’un bon cocktail, avec vue sur une usine d’armement.
Nous appelons à s’organiser en covoiturages depuis la manif de Toulouse (Cop21).
Cet événement est certifié développement durable : rapprochons nos manifs des lieux de production des armes de répression !
Le doigt sur la gâchette est un collectif éphémère d’actions subversives et jubilatoires… »
Pour le peuple a l’oeil ça résonne : avec un autre style peut-être, mais cette proposition, il/elle aurait pu la faire. Alors forcément, faut faire tourner !
29 novembre, malgré l’interdiction de manifester, environ un millier de personnes est venue au rendez-vous proposé au centre-ville. Les RoboCop sont là, l’hélico bourdonne. Une chaîne humaine se met en place et commence à serpenter, et le cortège lui, emboîte le pas au rythme des slogans:“On est chaudEs, chaudEs…chaudEs comme le climat! Etat d’urgence, Etat policier ! Iels nous enlèveront pas le droit de manifester! Contre l’Etat d’urgence, désobéissance! A bat la Cop et ses Robocops! On est chaudEs chaudEs chaudEs!…plus chaudEs que le climat!!“
Une idée en tête : aller se mettre au vert, profiter de cette belle après-midi ensoleillée, passer du bon temps, lier des amitiés et se marrer.
Organisation horizontale, prise d’initiatives, improvisation totale. On fait passer l’info et on bouge. Un convoi de trois bagnoles se forme, sans savoir combien d’autres nous retrouveront. En chemin, une pause. Que faire une fois là-bas? Opération Land’Art : cueillette des couleurs: détourer un cadavre et symboliser le sang qui a coulé.
Dix minutes plus tard, arrivée sur le parking de l’usine classée Seveso. Installation à l’entrée, juste à côté de la cabine du vigile qui nous prévient qu’il va devoir appeler la gendarmerie. Tant mieux, c’es pas un « cache-cache ». Dans les cinq minutes, iEls débarquent. CertainEs les salue et leur demandent si iEls sont les premiers à arriver. C’est le cas mais peut-être pas les derniers…Iels sont un peu vexéEs qu’on les ait fait poireauter, ilEs venaient de partir vingt minutes plus tôt, croyant que personne ne viendrait. Pour les rassurer: il y a tout ce qu’il faut pour l’apéro, y a plus qu’à attendre les copainEs qui apportent les palettes pour monter la ZAD (Zone A détruire);). FlattéEs, intriguéEs, peut-être déboussoléEs par autant de bonne humeur et de générosité, iEls aimeraient bien connaître nos identités et celle de notre «organisation». Etat d’urgence, premier réflexe, tout contrôler. Justement non, plus que jamais préserver notre liberté! Les abus ne cessent de se multiplier. Une flic rétorque qu’iEls sont là pour nous protéger, des terreauristes veulent nous tuer. Elle sait qu’on se trouve devant l’usine assassine qui fabrique les munitions de ses collègues qui cherchent à terroriser, qui mutilent et qui tuent…pour essayer de baîllonner voir d’éradiquer ? Rémi Fraisse, c’est le moment d’en parler. Elle voudrait croire que c’est un accident mais celleux qui étaient sur place l’avait senti arriver…Depuis au moins deux ans, de Notre-dame-des-Landes à Sivens, les alertes avaient été lancées mais volontairement ignorées. Elle se réfugie derrière la «démocratie», les gens qui votent qui auraient décidés. Réponse: avec ces raisonnements là, dans deux ans c’est pour le FN qu’elle va bosser. Déstabilisée devant ces questions qu’elle a l’habitude de ne pas se poser, elle demande combien de temps ça va durer. Aussi longtemps qu’il faudra pour les désarmer. Ce soir ne devrait pas s’attarder à moins que d’autres débarquent avec l’intention de s’installer. C’est vrai que c’est surprenant de ne voir personne se pointer…
Le seulE qui s’invite à la fête est unE type au volant d’un étrange pick-up, qui rodait autour de l’usine depuis le début et qui est venu constater la présence des keufs, en mode shérif…milice privée ?
A défaut de relever les identités, iEls photographient les plaques des voitures garées, même celles qui étaient là avant notre arrivée. UnE copainE donne quand même son nom, bonne occasion pour les flics de mettre un coup de pression: « les propriétaires des véhicules seront convoqués au commissariat pour dégradation ». Apparemment les panneaux d’accueil de l’usine Lacroix ont été décoré: « Changeons le système, pas le climat. Pour Rémi, contre les armes ». Une dernière esquive: « vous prendrez nos identités la prochaine fois ». Coup d’oeil dans le rétroviseur, la route et les lieux sont maintenant repérés, manque plus qu’une centaine de copains pour envisager un apéro sérieux !
Sur le chemin du retour une de nos voiture a été suivie et ses passagers contrôlés…
1 point partout, mais la partie ne fait que commencer !
Merci au Doigt sur la gâchette de nous avoir fait connaître cette usine.